
Quelle différence y a-t-il entre un vendeur à la sauvette qui fourgue des fruits à moitié avariés et un marchand régulièrement installé dans sa boutique louée à la municipalité de la région, qui vous vend des fruits immangeables ? Apparemment aucune.
Sauf que l’on oublie que dans un marché municipal, on bénéficie théoriquement d’une certaine protection. Le marchand est connu et on peut s’attendre à un remboursement ou à une réclamation qui pourrait régler la question.
Comment peut-on se permettre de mettre en boîte des tonnes de thon pourri et les offrir à la vente?
Dans le même ordre d’idées, l’Instance nationale de la sécurité sanitaire a annoncé dernièrement la saisie de plus de 14 tonnes de thon périmées dans un commerce de la région du sahel. Où allait échoir cette énorme quantité d’un produit apprécié par les consommateurs ? Pourquoi ne pas énoncer le nom du producteur et de la marque ? Cela servira à alerter ceux qui ont acheté ce produit et éviter sans doute des drames.
Il est inconcevable qu’en ce mois de Ramadan où les valeurs de solidarité, d’assistance, de respect d’autrui, devraient être exaltées, qu’il y ait autant d’infractions.
Nous avons précédemment signalé que le travail colossal fourni par les brigades dont le nombre est sans commune mesure avec celui des contrevenants et qu’il est pratiquement impossible de mettre un agent de contrôle devant chaque opérateur.
Pourtant, celui qui s’adonne à ces manipulations, à ces spéculations et à ces tromperies, est censé ……jeûner.
Alors que le jeûne exige un comportement exemplaire à tous les points de vue. Cet industriel qui met en fabrication un produit à la base avarié tout en sachant qu’il est en contradiction avec l’éthique du métier, qui implique ses subordonnés dans ses manigances, sait ce qu’il fait. Il sait, surtout, que les profits qu’il en tirera dépasseront de loin ce qu’il aura à payer en cas de pénalisation. Il a de ce fait bien calculé ses pertes et ses profits.
Pour l’éthique et l’honnêteté, il faudrait revenir
Et c’est là où nous avons souhaité arriver. Qu’il s’agisse du marchand de fruits installé au marché municipal ou de l’industriel opérant son usine, les actuelles dispositions prévues par la loi en vigueur, ne sont plus dissuasives. Les sommes à payer en contravention sont dérisoires et une fois le dossier plié, le contrevenant est prêt pour d’autres entourloupettes.
C’est dire que c’est là où il faudrait faire sentir la lourdeur de la main qui ne tremble pas. Celle d’une loi, d’une justice qui ne laisse aucune place à la faiblesse et à la mansuétude.
On se prépare, a-t-on appris, à exposer cette question devant l’ARP.
Nous ne faisons aucunement campagne pour personne, parce que nous sommes convaincus, que ceux qui auront à décider tiendront compte de bien des facteurs. Mais l’essentiel est bien de mettre un terme à ces agissements qui menacent la santé des citoyens et surtout agir pour que revienne cette confiance qui devrait régner entre le consommateur et le professionnel.
Ces agissements sont faciles à relever dans les pays qui ont atteint une maturité qui leur a permis de passer à un stade plus avancé.
Les organes censés défendre les consommateurs sous nos cieux ne disposent pas des moyens financiers et logistiques que mobilisent ces pays où le consommateur est mieux protégé.
Rien qu’à voir le contenu d’un cageot de fruits, nous pourrions comprendre où nous en sommes. Aucun calibrage, des avaries apparentes qu’on vous oblige à accepter sous prétexte que le marchand l’a reçue et qu’il n’a pas à subir seul la perte, l’interdiction de toucher quoi que ce soit, l’humeur noire en sus, vous payez et vous tournez casaque. C’est ainsi.
Pour changer les cageots en bois et opter pour ceux en plastique, nous avons mis des mois. Il a fallu brandir la sanction.
Comment arriver à l’adoption de l’uniformité des produits alors que la marchandise continue à être livrée par des véhicules qui ne sont jamais passés par le marché de gros?
Quand va-t-on organiser nos marchés municipaux pour en faire un lieu sûr et où opèrent des personnes ayant un minimum de conscience?
Quand confiera-t-on aux responsables de ces marchés d’autres attributions que l’ouverture et la fermeture de ces lieux où le consommateur doit se sentir protégé et en confiance?
Quand les prix seront-ils clairement apposés sur des étiquettes lisibles et posées, là où il le faut, durant tout le temps d’ouverture du marché et non pas seulement avant la visite d’un responsable ?
Quand instaurera-t-on l’obligation de mettre, de préciser le calibre des fruits qui se doivent d’être uniforme pour tout le cageot ? Que possèdent de plus que nous ces pays qui l’ont adopté ? Nous constatons malheureusement que la première couche ne ressemble jamais à celle qui est en-dessous.
L’exemple des fraises que l’on affiche actuellement à dix dinars le kilo alors qu’elles sont en abondance, est un remake que nous revivons tous les ans.
On réduit les quantités mises sur le marché pour soutenir ce prix qui baissera forcément après Ramadan. Mais le consommateur doit s’attendre à ce que les fraises à moitié pourries, soient mises en-dessous des premières couches.
Ces tonnes de sucre saisies, alors que les consommateurs se plaignent de la disparition de ce produit en plein mois saint, n’est pas un accident de la nature.
Cette impunité que représentent les contraventions toutes symboliques, encourage les contrevenants.
Il faut sévir avec rigueur, tout en dénonçant le fautif publiquement pour que chacun sache à quoi s’en tenir.
Il n’y a pas d’autres alternatives pour assainir le marché, instaurer la confiance et revenir à nos valeurs. Les spéculateurs ne doivent pas avoir le dernier mot !